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2. décembre 2020

Les participants aux SwissSkills, des jeunes qui vibrent pour quelque chose !

Qu’est-ce qui caractérise les participant-e-s aux SwissSkills ? Avoir du talent ou travailler dur, est-ce que ça augmente les chances de remporter une médaille ? Comment ces jeunes évoluent-ils après les championnats ? Qu’est-ce qui les motive à prendre part aux SwissSkills ? La professeure Dr Margrit Stamm étudie les domaines des aptitudes et de la qualité de la formation professionnelle. Dans sa dernière étude, Die SwissSkills 2018 als Sprungbrett? (« Les SwissSkills 2018, un tremplin professionnel ? »), elle se penche de près sur les meilleurs professionnels suisses.

Madame Stamm, comment décririez-vous les participant-e-s aux SwissSkills ? Qu’est-ce qui les différencie d’autres jeunes ? 

Ce sont des jeunes qui ont un intérêt professionnel particulièrement marqué, qui veulent avancer et qui ont confiance en eux. Leurs compétences transversales sont aussi très importantes ! On sous-estime souvent le défi que ça représente de réussir trois jours de compétitions ! Beaucoup de participant-e-s ont donc indiqué que les SwissSkills leur ont été bénéfiques en particulier pour les compétences transversales suivantes : résistance au stress, endurance, tolérance à la frustration, ténacité et gestion du temps.

Selon votre étude, on augmente ses chances de remporter une médaille en se préparant bien aux compétitions. Est-ce que le dicton « C’est en forgeant qu’on devient forgeron » se vérifie ici ? 

Les recherches des experts montrent effectivement que l’entraînement joue un rôle important. Le dicton « C’est en forgeant qu’on devient forgeron » est toutefois trompeur. Beaucoup ne pensent qu’aux exercices qu’on effectue à l’école, par exemple apprendre par cœur une suite de chiffres ou un poème. La plupart d’entre nous savent que ça ne nous mène pas loin. Ces exercices sont trop banals et trop ennuyeux. Par contre, les recherches montrent que l’entraînement à haut niveau, sous la supervision d’un mentor, est promesse de succès. Il est crucial que l’exercice soit suffisamment difficile pour nous demander un effort et nous motiver. Je pars du principe que c’est justement cet entraînement à haut niveau qu’ont suivi les médaillé-e-s aux SwissSkills.

Les participant-e-s aux SwissSkills ont consacré beaucoup de temps à la préparation, ce qui implique parfois aussi de gros sacrifices, par exemple au niveau social. Qu’est-ce que cela nous dit sur la jeunesse ? 

«La jeunesse», ça n’existe pas. Nous avons affaire ici à des groupes très divers. Les participant-e-s aux SwissSkills constituent assurément un groupe très spécial. Ce sont des jeunes qui vibrent pour quelque chose. Cela nous montre qu’on peut croire en la jeunesse, que tous les jeunes ne sont pas calculateurs et ne s’intéressent pas qu’au salaire et aux vacances. Même si certains sont sans doute comme ça.

Parmi les médaillé-e-s aux SwissSkills, certain-e-s avaient des résultats scolaires médiocres, voire mauvais. En même temps, beaucoup avaient aussi d’assez bonnes notes pour aller au collège* (secondaire II). Peut-on en déduire que les notes ne veulent rien dire ? 

Je ne pense pas que les notes ne valent rien. Il est logique que nous ayons un système scolaire avec un mécanisme de sélection, et les notes jouent un rôle important à ce niveau. Toutefois, grâce à des recherches, nous savons aussi qu’elles présentent toujours des biais. Mon message, c’est donc que nous ne devrions pas miser seulement sur les notes, car elles sont réductrices. Je plaide pour qu’on cerne les jeunes de manière plus large. Par exemple, lors d’une évaluation, on pourrait aussi leur demander ce qu’ils font en dehors de l’école, ce qui les fascine et pour quoi ils s’engagent. Comme je l’ai mentionné auparavant, les compétences transversales sont aussi très importantes.

Un autre constat important qu’on peut en déduire, c’est qu’une idée persiste : il y aurait trop peu de personnes compétentes pour la formation professionnelle, parce que toutes celles qui sont douées sont allées au collège. Mais il faut ouvrir un peu ses œillères ! Si on ne regarde pas que les notes, on remarque qu’il y a de nombreux jeunes gens qui présentent un grand potentiel, mais il faut l’encourager et le renforcer.

*Aussi appelé lycée ou gymnase selon les cantons.

Les notes devraient-elles être un critère décisif pour permettre aux jeunes d’aller au collège ? 

Trente pour cent des médaillé-e-s aux SwissSkills avaient de très bonnes notes et auraient pu aller au secondaire II, ce qui montre que certains jeunes choisissent délibérément de faire un apprentissage et s’épanouissent dans cette voie. 

L’idée selon laquelle on va au collège si on a de bonnes notes est encore largement répandue, ce que je trouve toutefois dangereux. Il faut toujours regarder d’où viennent ces notes et ce qui se cache derrière elles. Cet élève obtient-il vraiment de bonnes notes parce qu’il trouve la matière intéressante ? Ou est-ce ses parents qui l’aident tous les jours ?

Quels sont les effets positifs d’une participation aux SwissSkills ? 

Les participant-e-s affirment que les SwissSkills les ont fait avancer surtout sur le plan personnel et leur ont apporté beaucoup de satisfaction. Outre l’épanouissement humain, la progression au niveau professionnel, une année après les SwissSkills, est également impressionnante : beaucoup ont remporté d’autres prix, ont suivi des formations continues et gagnent un salaire plus élevé.

Je trouve important de souligner ces effets positifs. Les SwissSkills doivent donc être mieux intégrés dans le choix d’un métier. Cela montre en particulier aux parents qu’il y a autre chose que le collège, une voie qui débouche sur un diplôme universitaire à l’âge de 25 ans. Ils verront que certains jeunes sont non seulement pleinement intégrés dans la vie professionnelle à tout juste 23 ans, mais ont aussi déjà réalisé une quantité de choses et ont pu se perfectionner !

Comment être sûr que ces effets positifs soient imputables aux SwissSkills et non pas simplement au fait que les participant-e-s aux SwissSkills sont des jeunes particulièrement motivés ? 

Les sondages ne permettent pas de l’affirmer avec certitude. Pour moi, toutefois, cela ne fait aucun doute que les SwissSkills sont un instrument optimal pour titiller les jeunes et les pousser à donner le meilleur d’eux ! C’est un outil qui ne mise pas sur des incitateurs extrinsèques, comme c’est le cas quand quelqu’un dit qu’il faut faire ci ou ça pour faire carrière, mais qui éveille une motivation intérieure.

Dans votre étude, vous écrivez que les entreprises profitent aussi de la participation de leurs apprenti-e-s aux SwissSkills. Dans quelle mesure ? 

Les participant-e-s aux SwissSkills restent bien plus longtemps dans leur entreprise et dans la branche. En outre, ces personnes se perfectionnent et se professionnalisent, ce qui profite aussi à l’entreprise.

Comment de jeunes professionnels talentueux, en particulier des médaillé-e-s aux SwissSkills, peuvent servir de modèles ? 

Le choix du métier se fait toujours plus tôt. Les anciens participants aux SwissSkills devraient donc intervenir déjà dans les écoles afin d’inspirer les élèves par leur parcours. Si les jeunes entrent trop tard en contact avec ces modèles, ils auront déjà choisi leur voie. Les parents et les enfants qui préfèrent la voie du collège vont difficilement changer d’avis, même si le jeune n’y est peut-être pas du tout à sa place.

Les entreprises formatrices peuvent elles aussi recourir aux participant-e-s aux SwissSkills, par exemple en les laissant diriger un groupe d’apprentis, ce qui leur confère un rôle d’exemple.

Qu’est-ce qui motive les jeunes à prendre part aux SwissSkills ? 

Mon étude montre que ce ne sont pas les brochures sur papier glacé ou d’autres documents d’information qui convainquent les jeunes. Ce sont des incitations intrinsèques qui les poussent à s’inscrire aux SwissSkills. Cela signifie qu’ils le font de leur propre chef. Il faut toutefois souligner des différences de genre : les femmes visent en premier lieu l’esprit d’équipe, tandis que les hommes sont attirés par la compétition.

Si les incitateurs intrinsèques sont si importants, que peut-on en déduire pour SwissSkills et les associations professionnelles ? Peuvent-ils quand même faire quelque chose pour motiver les jeunes à participer aux SwissSkills ? 

Cela signifie qu’il faut plus miser sur le contact direct. La motivation intrinsèque est suscitée par un échange, par exemple avec un formateur qui dit à un jeune : « Je sais que tu en es capable et j’aimerais que tu tentes le coup. »

Bien sûr, on peut aussi atteindre les jeunes au travers de personnes influentes, en particulier les parents, mais aussi les formateurs et les enseignants. Bien qu’il soit difficile de convaincre les jeunes au travers d’un prospectus ou d’un envoi d’e-mail groupé, il est possible d’attirer l’attention des parents sur une offre grâce à ces méthodes.

Pouvez-vous nous dire comment les jeunes découvrent les SwissSkills ?

Dans notre étude, nous avons constaté que les jeunes découvrent les SwissSkills généralement à la fin de leur apprentissage. Selon moi, c’est beaucoup trop tard ! Ils devraient connaître les SwissSkills déjà au début du processus de choix d’un métier.

Lisez ici l'étude du Prof. Dr. Margrit Stamm (seulement en allemand)

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